ERRANCES NOMADIQUES: Musée De Marrakech

16 February - 15 April 2017

'Liant son immersion dans l’imagination tribale a de superpositions culturelles ainsi qu’a de recherches méditatives, Farman-Farmaian construit sur l’habilité de percevoir le monde de manière asymétrique. Errances Nomadiques s’appuie sur un jeu de miroir entre Afrique du Nord et héritage Persan, une route de la soie qui chez l’artiste marie par moments la projection d’une arrière grand mère Kurde au similarités retrouvées dans la culture tribale Berbère' 

 

Errances Nomadiques

Pour sa seconde exposition personnelle au Musée de Marrakech, l’artiste Iranien Firouz Farman-Farmaian présente une collection de travaux sur toile accompagnés d’installations sculpturales, scénarisant l’espace afin de développer une approche nouvelle. Alors que l’exposition RetroProjections de Farman-Farmaian en 2016 proposait une étude de la recherche identitaire lié a l’exil via la deconstruction du rapport personnel avec le passé, Errances Nomadiques tout en prenant racine dans ce rapport avec la mémoire adresse un élément clé de son action artistique: le sentiment de déracinement.

Traiter l’origine des identités multiples avec un jeu de décalages, tissant le rapport de l’artiste Iranien avec un Maroc ressenti comme terre d’exil familial suite a la revolution Islamique Iranienne. Liant son immersion dans l’imagination tribale a de superpositions culturelles ainsi qu’a de recherches méditatives, Farman-Farmaian construit sur l’habilité de percevoir le monde de manière asymétrique. Errances Nomadiques s’appuie sur un jeu de miroir entre Afrique du Nord et héritage Persan, une route de la soie qui chez l’artiste marie par moments la projection d’une arrière grand mère Kurde au similarités retrouvées dans la culture tribale Berbère.

L’artiste explore ces thématiques dans des avenues dans lesquelles le fantastique et la création d’un espace imaginé construisent une fabrique abstraite mémorielle et post-culturelle circulant entre travail sur impressions, peinture sur toile monumentales et installations sculpturales. Dans de nombreuses pièces FarmanFarmaian questionne l’idée d’identité face au changement ainsi que la substance même de la mémoire a travers l’acte de remémoration et de ses multiples formes manifestées par les forces de l’imagination. L’acte de mémoire comme un positionnement face a l’oubli, levant les question du lieu originaire et de la nature intrinsèque du chemin parcouru. Paradoxalement, ce questionnement est vu par l’artiste comme le point de départ d’un processus dé-remémoration, une libération pointant vers une évolution créative ultérieure.

L’exemple d’une série de travaux sur images d’archive datant de l’ère Qajar Iranienne, Woman with a Veil in Purple, illustre le propos. Ces travaux basés sur une photographie datant de la fin du 19ème siécle et de l’avénement de l’art photographique en Iran, présente une femme posant de profil couverte d’un voile intégral revêtue d’un habit tribal cérémonial de tradition Irano-Kurde. FarmanFamaian traite le sujet en multipliant ce portrait dans l’espace, traitant chaque pièce  indépendamment, superposant pigment, acrylique et travail au pastel. L’installation s’organise autour de trois panneaux principaux tissés dans de métiers à tisser Berbères, ouvrant une sous thématiques liée a la place de la femme comme porteuses et passeuse de mémoire.


A l’opposé, des travaux tels que dans la série Trails reprennant la conception nomade du voyage, s’inspirant de la composition de la tente Bédouine. Superposant sur toile de tente crue des lambeaux de tissus baignés dans de pigments naturels, FarmanFarmaian exprime via l’amoncellement de couches superposées, l’idée que la multitudes des chemins empruntés forment l’identité du déraciné. L’abstraction des peintures monumentales de la série Tribes propose une approche alternative : couleur, lieu, origine. Reprenant librement format et motifs du tapis tribal, Tribes  porte l’idée d’appartenance clanique lié a un art plusieurs fois millénaire. De fait cette collection de panneaux ressemble a des étendards aux couleurs de la difference.

Errances Nomadiques non seulement englobe l’oeuvre et les techniques prolifiques de Firouz FarmanFarmaian, mais comprends aussi une installation colossale faite de d’une cascade de laine brute sourcée dans les des montagnes du Riff. Baignée dans de pigments naturels, la laine reprends les couleurs de l’exposition, défiant l’architecture et le modèle de Ryad traditionnel du musée de Marrakech. Jouant avec le design du patio central intérieur et  de sa fontaine de lumière, l’artiste impose une mise en abîme, une exposition dans l’exposition qui transporte le spectateur dans  sa propre errance. 

 

Sophie Abou Chahine